Les cibles
L’ENTREPRISE
OSBL fondé à l’été 1992 sous le nom de Festival des Arts Hiawatha. En 1995, il deviendra le Festival des Arts de Saint-Sauveur.
LE LIEU
Au cœur du village de Saint-Sauveur. Bureaux partagés, en location.
LA MISSION
Organisme voué à la découverte et au rayonnement des meilleurs chorégraphes, danseurs et musiciens. Par sa programmation éclectique, inclusive, accessible et originale, le Festival cherche à appuyer et inspirer les artistes d’ici et du monde entier pour partager leur travail et leur passion dans un cadre intime favorisant une véritable rencontre avec le public.
LA PÉRIODE D’ACTIVITÉS
À l’année (le Festival dure 2 semaines durant l’été).
LE CHIFFRE D’AFFAIRES
En 2022 : 1 150 000 $. Surplus de 12 000 $ en 2021.
LES SURPLUS
Réinvestis dans le fond de roulement pour combler les périodes creuses et assurer ainsi une présence à l’année.
LA PART DE SUBVENTIONS
41% du budget : 9 % fédéral, 21 % provincial, 6 % régional et 5 % municipal.
LA PART DE REVENUS AUTONOMES
59 % du budget : 9 % fonds de dotation, 19 % donations privées et 31 % billets et ventes.
LE NOMBRE D’EMPLOYÉS
4 permanents + 35 saisonniers environ.
LE NOMBRE DE BÉNÉVOLES
100 environ.
Au coeur du mouvement
Il y a 31 ans naissait ce qui est aujourd’hui le plus grand diffuseur de danse en région au pays. Créé par des résidents d’ici qui souhaitaient mettre en valeur cet art dans la beauté de l’environnement naturel des Laurentides, ce qui est devenu le Festival des Arts de Saint-Sauveur (FASS) accueille chaque année des artistes de renommée internationale le temps d’une manifestation estivale qui se déroule sous chapiteau et en espaces extérieurs, et produit même des créations originales.
Porté jusqu’alors par une vague plus intimiste, le Festival franchit une étape importante de son cheminement lorsqu’en 1998, il loue un ancien chapiteau du Cirque du Soleil avant de faire l’acquisition, un an plus tard, d’un chapiteau similaire de 600 places. Dès lors, l’organisation peut recevoir de plus grandes compagnies de danse.
Quant à elle, 2014 marque l’arrivée de deux danseurs principaux du Ballet national du Canada au sein de l’équipe du FASS. Guillaume Côté, performeur et chorégraphe originaire du Saguenay-Lac-Saint-Jean, dont le travail a résonné jusqu’au célèbre Bolchoï de Moscou, intègre la direction artistique. Etienne Lavigne, collaborateur artistique à ses débuts, prendra la direction générale deux ans plus tard après une carrière scénique de 25 années.
Les deux alliés amèneront l’entreprise plus loin en développant une force de frappe médiatique parallèlement aux créneaux des arts visuels et de la musique. « Quand je suis arrivé à la direction générale il y a six ans, la grande force du Festival était sans contredit la qualité de produit offert et la situation financière était saine. Mais la faiblesse se situait au niveau des communications et du marketing. Il fallait travailler l’image du Festival pour le faire connaître du grand public », explique Etienne Lavigne.
« Nous avons beaucoup développé le numérique. Le nombre d’abonnés à notre infolettre a augmenté de 200 % au cours des deux dernières années, pour atteindre 4 400 personnes aujourd’hui. Nous avons également été chercher de l’accompagnement externe en marketing et en relations publiques, après y avoir dédié un budget spécifique. Nous avons un conseil d’administration, composé de 12 membres, qui est très investi », poursuit le natif de Saint-Hubert.
Résultat? La vente de billets a doublé, le budget a augmenté de 30 % et la visibilité et les activités se sont diversifiées. En 2019, presque toutes les représentations du FASS affichaient complet.
“ L’économie sociale permet au FASS de durer. Le collectif rend ça accessible à tous. Sans cette idée de communauté, la culture ne survivrait pas. Grâce aux donateurs privés et à l’apport philanthropique, nous pouvons rendre le coût des billets de spectacle accessibles. C’est ce qui nous permet de démocratiser les arts que l’on diffuse. ”
-Étienne Lavigne, directeur général du Festival des Arts de Saint-Sauveur
Innover pour vaincre la crise
2020, arrivée de la pandémie. « C’était très difficile pour les gens autour de nous. La danse, ce n’est pas un métier que tu peux faire en télétravail. Nous avons dû tout canceller et nous avons déprimé pendant un mois. Puis, nous nous sommes repris et le projet Une solitude partagée est né. Dix films ont été créés, en collaboration avec le chef de l’Orchestre Métropolitain Yannick Nézet-Séguin, où 10 chorégraphes ont été jumelés à 10 compositeurs et 10 musiciens, filmés dans 10 lieux extérieurs de Saint-Sauveur », dit le directeur général.
Il s’agissait d’un premier plongeon dans la création numérique pour le FASS, en réponse aux limites imposées au travail collectif, d’où le titre du projet. Diffusé gratuitement sur le site Web du Festival, YouTube et Facebook, le corpus a été vu plus de 200 000 fois et a notamment remporté le Prix Opus du diffuseur spécialisé de l’année décerné par le Conseil québécois de la musique.
L’aventure numérique se poursuivra l’année suivante, alors que l’incertitude amènera le Festival a planifié une édition hybride. Quatre créations originales ont été filmées aux théâtres Le Patriote, du Marais, Lionel-Groulx et Gilles-Vigneault mettant en valeur des combinaisons d’artistes, en plus de 9 spectacles présentés sous chapiteau.
L’importance de l’écosystème
La collaboration et les partenariats sont au cœur du fonctionnement du FASS, qui met de l’avant la notion de « coopétition », soit le fait de collaborer avec des acteurs qui, par ailleurs, sont des concurrents.
« C’est important car nous avons un produit de niche. La seule façon de survivre, c’est de créer le plus de liens possibles et de s’entraider. Nous avons créé plusieurs partenariats dans le domaine des arts. Nous les publicisons à l’année et ils nous retournent l’ascenseur durant le Festival », affirme Etienne Lavigne.
Rendre la danse plus accessible
Il est vrai que l’ouverture à cet art est moins naturelle qu’à d’autres formes auxquelles nous sommes soumis plus régulièrement, comme un spectacle de musique pop par exemple. « Bien souvent, notre expérience de la danse est le spectacle vu à l’école des enfants. Il y a aussi des pièces plus connues comme Casse-Noisette alors qu’en danse, on retrouve beaucoup d’expérimental. Nous n’avons pas toujours la préparation pour accueillir ce type de prestation », explique le directeur général.
« Alors on trouve des portes d’entrées accessibles pour intéresser le public et on offre un produit de très haute qualité. En 2019, nous avons diffusé un spectacle qui rendait hommage à la musique de David Bowie. Cette année, nous aurons un danseur de claquettes qui partagera la scène avec un pianiste. Les gens ont le droit de ne pas aimer quelque chose. C’est à nous d’offrir un bon produit et de créer des accroches qui vont susciter l’intérêt des spectateurs », poursuit-il.
Un fort soutien philanthropique
La philanthropie occupe une grande place dans l’équilibre financier de l’organisation. À ses débuts, le Festival a été lancé par des philanthropes et leur réseau. C’est donc dire que cet aspect fait partie de son ADN. Si le développement du FASS a amené de l’aide financière des différents paliers gouvernementaux au fil du temps, l’apport philanthropique a conservé une place prépondérante dans la catégorie des revenus autonomes.
En plus des donateurs privés, le fonds de dotation hébergé à la Fondation du Grand Montréal alimente chaque année le Festival. Ce dernier a été créé il y a près de 20 ans, suivant la vision du conseil d’administration qui souhaitait assurer la pérennité de l’entreprise.
« L’économie sociale permet au FASS de durer. Le collectif rend ça accessible à tous. Sans cette idée de communauté, la culture ne survivrait pas. Grâce aux donateurs privés et à l’apport philanthropique, nous pouvons rendre le coût des billets de spectacle accessibles. C’est ce qui nous permet de démocratiser les arts que l’on diffuse », dit Etienne Lavigne.
Un nouveau lieu de convergence
À moyen terme, l’équipe du Festival souhaite bâtir un centre des arts qui possèdera une salle de spectacles de possiblement 600 places, en plus d’un grand studio de danse, chose rare dans les théâtres du Québec. Le premier pas du projet a été franchi alors que la Ville de Saint-Sauveur a officiellement cédé à l’organisation un terrain situé à côté du chalet Pauline-Vanier, surface qui possède une inclinaison naturelle favorable à la mise en place de gradins.
« Nous sommes de plus en plus limités techniquement avec le chapiteau. Et ce lieu favorisera une écologie naturelle avec la bibliothèque municipale, des organismes culturels et une salle de spectacles qui pourra accueillir des conférences et des congrès en dehors du Festival, en plus d’une programmation culturelle. Nous aimerions également en faire un lieu de création qui pourra accueillir des résidences d’artistes. Nous sommes le moteur derrière le projet car nous en avons besoin, mais la région en a elle aussi besoin. Il n’y a pas de centre culturel dans la MRC des Pays-d’en-Haut et on veut que tout le monde puisse en profiter », déclare le danseur de profession.
« Une compagnie de danse comme celle de Marie Chouinard pourrait venir créer à Saint-Sauveur le prochain spectacle qui va se promener à travers le monde! », conclut-il.