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Café O’Marguerites: choisir l’économie sociale pour développer sa communauté

Les cibles

L’ENTREPRISE
Fondée par 5 femmes en 2011 sous la forme de coopérative de solidarité.

LE LIEU
Au cœur du village de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson. Immeuble zoné commercial, en location.

LA MISSION
Contribuer au développement durable et à la revitalisation de la municipalité de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson en favorisant l’économie locale et régionale par la promotion des produits du terroir et des artisans de la région.

LA PÉRIODE D’ACTIVITÉS
12 mois par année.

LE CHIFFRE D’AFFAIRES
En 2021 : 419 000 $, incluant 16 000 $ de surplus.

LES SURPLUS
Réinvestis dans le fond de roulement pour combler les périodes creuses et assurer ainsi une présence à l’année.

LA PART DE SUBVENTIONS
8 % du budget (moyenne des 11 années d’existence).

LE NOMBRE D’EMPLOYÉS
7 à 11, selon les saisons.

LES SERVICES
– Épicerie (produits variés, vrac, prêt-à-manger congelé)
– Restauration (sur place ou pour emporter, terrasse l’été)
– Paniers (ramassés ou livrés)
– Traiteur

Écoresponsable… avant son temps

Confondatrice et présidente-directrice générale depuis maintenant 11 ans du Café O’Marguerites, Suzanne Boutet a amorcé sa carrière en étant à la barre de deux agences de voyages. En 1998, elle acquiert une première maison à Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson, voyageant vers la ville pour travailler. Mais le 11 septembre 2001 a amené cette native de Candiac à repenser ses priorités, tant au niveau professionnel que personnel, avec pour intérêts premiers la santé et l’environnement. La qualité de vie et l’alimentation ont alors pris une place majeure dans la vie de celle qui, comme plusieurs, intégrait jusqu’alors dans son quotidien la culture culinaire canadienne française où le sucre raffiné est roi, et la perception que les réelles opportunités professionnelles se trouvent dans les centres urbains.

Cette prise de conscience s’est matérialisée par la création, en 2007, du Magasin Général Vert chez Tatie Zane, qui était situé à deux pas de l’actuel Café. Une aventure qui s’est terminée deux ans plus tard, des suites de l’instabilité qui s’est avérée pour l’accès au local commercial. Déjà à cette époque, Suzanne prenait part aux conseils municipaux afin de proposer des idées en faveur de l’écologie aux élus. « On m’appelait la verte. C’était un peu de bonne heure pour mettre de l’avant ces valeurs! », dit-elle avec humour.

Un appui fort de la communauté

L’année suivante, elle et son conjoint décident de partir, sacs aux dos, pour visiter le monde. Un voyage où ils découvriront les pratiques qui s’observent ailleurs en matière d’écologie.

À leur retour, aucune initiative de même nature que l’ancien Magasin Général n’avait pris place dans le secteur. « Plusieurs personnes m’ont alors approché pour m’encourager à ouvrir de nouveau un commerce où il serait possible d’acheter des aliments de qualité qui correspondent aux critères de l’écoresponsabilité et qui serait un lieu de rassemblement social. Malgré le fait que nous soyons une petite communauté, il y avait un soutien très marqué des citoyens et même de la municipalité pour la création d’un commerce de proximité qui puisse répondre à ces besoins », poursuit la directrice générale.

Le local actuel du Café était libre. Mais demeurait la question de la viabilité d’une telle entreprise, dans une communauté qui n’affiche que 3 212 résidents (2021). « Au départ, j’avais à tort l’impression que l’économie sociale était associée à la pauvreté et au bénévolat. Après avoir été chercher de l’aide auprès des acteurs de développement économique du milieu, le choix de la coopérative comme forme juridique s’est imposé. L’idée, c’est l’économie locale de façon durable, autant pour l’aspect social que l’aspect économique », affirme Suzanne.

En octobre 2011, le Café O’ Marguerites ouvre ses portes, notamment grâce à une contribution de départ des membres de soutien qui avoisine les 50 000 $.

“ Au départ, j’avais à tort l’impression que l’économie sociale était associée à la pauvreté et au bénévolat. Après avoir été chercher de l’aide auprès des acteurs de développement économique du milieu, le choix de la coopérative comme forme juridique s’est imposé. L’idée, c’est l’économie locale de façon durable, autant pour l’aspect social que l’aspect économique. ”

-Suzanne Boutet, cofondatrice et présidente-directrice générale du Café O’Marguerites

Poursuivre sa mission sociale… pour innover

Aujourd’hui, le camp, considéré comme joyau patrimonial, est administré par un organisme à but non lucratif fondé il y a maintenant 14 ans, Plein-Air Bruchési. Grâce au Programme d’assistance financière à l’accessibilité aux camps de vacances (PAFACV) du Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (MEES), il peut offrir une tarification réduite ainsi que des gratuités à des enfants référés par le réseau des Centres jeunesse ou vivants avec un handicap, en plus de subventionner le séjour d’enfants provenant de familles à faibles revenus. Il accueille également d’autres camps de vacances, notamment de Montréal, afin que ces jeunes puissent accéder à des activités et des installations en nature. Et puisque le camp est ouvert à tous, ce sont environ 500 personnes au total qui se retrouvent généralement en même temps sur ce site reconnu dans la région durant la saison estivale.

Mais le camp doit composer avec de nouvelles réalités, notamment la transformation et le développement du secteur des loisirs municipaux, qui offre de plus en plus d’activités de type camp de jour aux communautés. S’ajoute à cela le prix élevé des camps de vacances modernes, un frein à l’accessibilité pour plusieurs familles, qui se tournent alors naturellement vers la programmation de loisirs et de sports de leur municipalité.
C’est pourquoi le Camp Bruchési a choisi de développer son offre de services en ajoutant des activités hors saison orientées, entre autres, vers des clientèles spécifiques. Ouvert à l’année depuis trois ans, il offre maintenant des fins de semaines de répit aux familles dont les enfants ont des besoins particuliers, comme ceux vivant avec le trouble du spectre de l’autisme. Ces jeunes ont alors la possibilité de vivre l’expérience d’un camp de vacances tout en étant encadrés par des animateurs formés, tandis que les parents se reposent. Autre nouveauté, le camp du temps des Fêtes, qui permet à des enfants de familles défavorisées d’avoir accès à une célébration traditionnelle de Noël. Des activités pour tous durant la semaine de relâche ainsi que pendant la période des sucres sont aussi en développement.

Un attrait pour le territoire

Avec son offre variée de produits en plus du volet restauration, l’entreprise est devenue un point d’ancrage important du secteur. Des nouveaux résidents identifient maintenant le Café comme un des éléments qui a fait pencher la balance en faveur du dépôt d’une offre d’achat dans la municipalité. Le nombre de touristes qui fréquentent le commerce confirme quant à lui l’attrait qu’il représente pour la destination. Cette année, le Café s’est d’ailleurs démarqué en tant que lauréat du volet Faire affaire ensemble lors du 24e Gala local du Défi OSEntreprendre pour la MRC des Pays-d’en-Haut. Ce prix récompense les entreprises qui se démarquent par l’évolution de leurs pratiques d’approvisionnement auprès de fournisseurs d’ici.

La pandémie a cependant mis sur pause la programmation culturelle de l’endroit, qui offrait régulièrement des spectacles. Afin de s’adapter à la situation, le Café a développé son offre de produits en intégrant le vrac, en créant un service de paniers à commander en ligne et en ajoutant des produits locaux sur les tablettes. Un virage qui a permis à l’entreprise d’augmenter son chiffre d’affaires de 26 % au cours des deux dernières années.

Projet de relocalisation

Avec la croissance de l’entreprise vient un plus grand besoin d’espace. « Le lieu est devenu trop petit. Nous aimerions ramener l’offre culturelle, avoir plus d’espace pour préparer les paniers et faire entrer plus de petits producteurs et transformateurs locaux en magasin », dit Suzanne.

C’est pourquoi l’équipe planche présentement sur un projet de relocalisation. La municipalité ayant récemment racheté une bâtisse située tout près qui abrite pour l’instant un bar, dans le but de revitaliser le noyau villageois, le Café aimerait y transférer ses pénates. Pour ce faire, une demande sera soumise au Programme d’immobilisation en entrepreneuriat collectif (PIEC), administré par Investissement Québec, dans la catégorie Rénovation. La recherche de nouveaux membres de soutien et la mise sur pieds d’une campagne de sociofinancement sont aussi au nombre des stratégies envisagées par le Café pour la réussite de ce projet.

Une solution à la pénurie de main-d’œuvre

La mise en valeur du travail d’équipe fait partie de l’ADN de l’organisation. Le salaire de base est supérieur au salaire minimum, tandis qu’il augmente lorsque les travailleurs deviennent membres de la coopérative. À l’heure où la rémunération du personnel en restauration anime le débat public, le Café met de l’avant des pratiques équitables qui permettent à ses employés de bénéficier d’un salaire décent. À titre d’exemple, les serveuses et les cuisinières reçoivent chacune près de 20 $ de l’heure. Avec le partage à parts égales des pourboires, elles cumulent toutes environ 30 $ de l’heure en haute saison.

Le Café O’ Marguerites compte actuellement 8 membres travailleurs et 22 membres de soutien, appuyés par un conseil d’administration composé de 6 administrateurs. Le nombre d’employés varie entre 7 et 11 selon les saisons, et les travailleurs membres bénéficient de 20 % de rabais sur leurs achats.

« Ce qui est génial avec la formule de la coopérative, c’est que tes employés sont des membres travailleurs, ils sont impliqués et ils le sont car ça correspond à leurs valeurs. Alors tu as un socle sur lequel t’appuyer. Par exemple, si une employée est malade, les autres se sentent interpellés et veulent la remplacer car c’est leur entreprise à eux. Tout le monde met la main à la pâte, les travailleurs ne sont pas seulement engagés envers leur lieu de travail, ils prennent part à un milieu », explique l’entrepreneure.

« Être membre travailleur, ça donne un sentiment d’appartenance à quelque chose qui a une mission et des valeurs en arrière. C’est la possibilité de se réaliser qui amène la motivation. Et ça signifie participer au changement, un pas à la fois! », conclut Suzanne Boutet.

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